Une pause nécessaire… même pour les cerveaux les plus sérieux

Prenons une grande inspiration, rangeons notre agenda Google, et posons-nous une question simple : pourquoi les vacances sont-elles importantes ? Non, ce n’est pas une interrogation digne du bac philo, mais une question fondamentale que tout cerveau qui carbure à la caféine devrait se poser. Car derrière les cocktails et les claquettes-chaussettes se cache un enjeu de santé mentale, de neuroplasticité et d’humanité retrouvée.

La science est formelle : le cerveau a besoin de se reposer. Ce n’est pas une faiblesse, c’est une fonction biologique. Selon une revue de Nature Reviews Neuroscience (2022), les périodes de repos favorisent la consolidation de la mémoire, l’intégration émotionnelle, et la régulation du stress. Autrement dit, rester vissé à sa chaise de bureau toute l’année, même par passion, c’est l’équivalent psychique d’un régime sans sommeil. Et spoiler : ça finit mal.

Vacances, cortisol et synapses : une histoire d’amour contrariée

Le stress chronique, ce compagnon moderne qui s’incruste comme un oncle gênant à Noël, est l’un des premiers ennemis du bien-être psychique. Il active en boucle l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (oui, c’est un vrai mot), entraînant une libération continue de cortisol. Or, trop de cortisol, c’est la promesse d’un hippocampe qui fond à petit feu, d’un sommeil capricieux et d’une humeur en montagnes russes sans les cris de joie.

En 2021, des chercheurs de l’Université de l’Arizona ont observé que les vacances réduisent significativement les niveaux de cortisol après seulement trois jours d’arrêt. Et ce n’est pas tout : la connectivité fonctionnelle entre les régions cérébrales impliquées dans la régulation émotionnelle augmentait, traduisant une meilleure capacité à gérer les affects. Bref, trois jours loin du boulot et déjà, le cerveau commence à réapprendre à respirer.

Fuir pour mieux revenir : une régénération identitaire

Derrière le besoin de vacances, il y a aussi un enjeu existentiel : celui de se décoller de ses rôles sociaux pour se retrouver en tant que sujet. Dans un monde où l’on performe en continu — parent, professionnel, citoyen, contributeur Instagram — les vacances viennent mettre en pause cette comédie humaine pour nous rappeler que l’on est aussi un être, pas seulement un faire.

D’un point de vue psychanalytique, la vacance (au sens littéral) crée un vide fertile. Elle permet le surgissement de pensées errantes, d’associations libres, et parfois même d’angoisses utiles (oui, elles peuvent l’être). Winnicott dirait que c’est dans cet espace transitionnel que peut naître le jeu, l’ennui fécond, et donc la créativité.

Et pour ceux qui aiment que la psy rejoigne la neuro, des chercheurs ont montré que le mind-wandering – cette errance mentale typique des moments oisifs – est corrélé à des capacités accrues d’introspection et de résolution créative de problèmes. Donc oui, rêvasser au bord d’une piscine, c’est aussi du travail intérieur.

Mais que fait-on vraiment en vacances ? Spoiler : on se répare !

Si vous pensez que “prendre des vacances” consiste à cocher frénétiquement des villes sur TripAdvisor, laissez-moi vous inviter à la lenteur. Le vrai repos n’est pas dans l’accumulation d’activités, mais dans la désactivation du mode “hypervigilance”.

Des recherches en psychologie positive (notamment celles de Barbara Fredrickson) ont montré que les émotions positives déclenchées par des environnements nouveaux ou plaisants favorisent une plus grande flexibilité cognitive. En clair, en découvrant un marché provençal ou en s’émerveillant devant une vague, on devient plus créatif, plus tolérant, et même un peu plus gentil. Oui, même vous, là, avec votre checklist Excel.

Revenir transformé, ou au moins légèrement défroissé

On revient rarement des vacances en étant une nouvelle personne. Mais on peut revenir moins crispé, plus aligné, et un peu plus capable de dire non à ce collègue qui veut “juste un point rapide de 45 minutes à 18h45”. Les vacances nous aident à réévaluer nos priorités, à redéfinir notre rapport au temps, et parfois même à toucher du doigt ce qu’on appelle l’équilibre de vie (ce truc mythique dont on parle dans les magazines mais que personne ne rencontre jamais vraiment).

Conclusion : les vacances, c’est sérieux

Alors non, prendre des vacances ce n’est pas fuir ses responsabilités. C’est au contraire se donner les moyens d’y revenir entier.e, disponible, et psychiquement vivant.e. Un peu comme un smartphone qu’on recharge, sauf qu’on ne vous recommande pas de finir la tête dans une prise.

Prenez vos congés. Votre cortex préfrontal vous dira merci. Votre entourage aussi.