EMDR ou comment retraiter le trauma
Exemple: une femme de 60 ans, professionnellement accomplie, connue pour sa stature et son sang-froid, perd absolument tous ses moyens face à une collègue hiérarchiquement supérieure. Face à elle, elle ne sait plus parler, se trouve bête et nulle, est persuadée d’être moquée, et parle comme une petite fille. En séance EMDR, on trouve un lien entre cette attitude présente et l’histoire de cette femme. Elle avait une mère particulièrement dure, jugeante, parfois maltraitante, et elle rapporte des scènes traumatisantes pas encore cicatrisées. En traitant ces images/ces scènes, cette femme regagne de l’assurance et la présence de sa supérieure ne lui fait plus vraiment d’effet. On suppose que le retraitement et la désensibilisation des scènes traumatiques non cicatrisées (et donc cicatrisées grâce à l’EMDR) ont permis l’amélioration notable du vécu émotionnel de cette femme.
Il en va de même avec les phobies et avec les addictions. Il est possible de retraiter les événements-sources qui ont induit un changement émotionnel et donc un changement comportemental.
Concrètement, il se passe quoi en séance ?
Tout d’abord, le thérapeute formé à l’EMDR doit évaluer la stabilité émotionnelle de la personne. Sans stabilité émotionnelle, pas d’EMDR. Pourquoi ? Parce que cette thérapie, peut-être davantage que d’autres, nécessite de pouvoir accueillir les traumas bruts pour les retraiter. Emotionnellement et psychiquement, ce sont des moments qui peuvent être particulièrement invasifs et désorganisateurs. Le thérapeute doit être certain que la personne peut les accueillir sans décompenser.
Ensuite, il faut installer quelques outils de visualisation qui aideront la personne si jamais les traumas qui remontent sont trop invasifs: elle pourra choisir soit de stopper et de prendre une pause, soit de mettre ces traumatismes en attente, à l’aide des outils installés par le thérapeute.
La troisième étape marquera l’entrée dans le processus EMDR: il s’agit d’établie ensemble un “plan de ciblage”, c’est-à-dire une sorte de cartographie des traumas, afin d’obtenir tous les éléments pour savoir quel événement retraiter, et en relation avec quel symptôme actuel.
Ensuite, il s’agira, pendant plusieurs séances parfois, de retraiter les traumatismes à l’aide de stimulations bilatérales jusqu’à ce que le souvenir ou la scène soit complètement désensibilisé.
Bien entendu, cette description est simplifiée, mais vous avez là l’essentiel du fonctionnement.
Et surtout: l’EMDR est une technique, mais cela n’est pas une fin en soi: tout ce qui est découvert, retraité et désensibilisé doit être parlé avec le thérapeute. Il est essentiel de se sentir en grande confiance et aussi de faire des points réguliers sur les points abordés (comment votre problème évolue-t-il? Etes-vous toujours phobique ? Votre positionnement face à telle personne a-t-il changé? Etc.