Exprimer ses émotions en les écrivant

On a tous entendu ce conseil bateau : « Il faut parler de ses émotions. » Facile à dire, mais quand il s’agit de mettre des mots sur ce qu’on ressent, c’est souvent le grand flou artistique. Et si, au lieu de parler, on se mettait à écrire ? Pas besoin d’être Victor Hugo ni d’avoir vécu mille drames. Juste un carnet, un stylo, et l’envie de se comprendre un peu mieux. En tant que psychologue clinicien, je vous propose de plonger dans l’écriture émotionnelle, une méthode qui a fait ses preuves, notamment grâce aux travaux de Nayla Chidiac. Et promis, pas de jargon incompréhensible : ici, on va droit au but.

Pourquoi écrire ses émotions ?

Écrire ses émotions, ce n’est pas juste noircir des pages pour le plaisir. C’est surtout un moyen redoutablement efficace de vider son sac sans casser les oreilles de tout le monde. Quand on pose ses pensées sur le papier, on ne les subit plus : on les regarde, on les triture, on les comprend. Résultat ? On stresse moins, on rumine moins, et on commence à y voir plus clair dans ce joyeux bazar intérieur. On ne devient pas Bouddha du jour au lendemain, mais on apprend à mieux gérer ce qui nous traverse, à prendre du recul et, parfois, à se surprendre soi-même.

Nayla Chidiac, qui n’a pas peur de secouer les idées reçues, a montré que l’écriture peut réparer ce que la vie a cassé. Pour elle, écrire, c’est rassembler les morceaux, donner du sens au chaos et, petit à petit, reprendre la main sur son histoire. Dans ses ateliers à l’hôpital Sainte-Anne, elle a vu des patients reprendre pied simplement en écrivant ce qu’ils n’osaient pas dire. Elle parle d’un chemin en trois temps : d’abord, on balance tout ce qu’on a sur le cœur, sans filtre ni fioritures. Ensuite, on commence à mettre de l’ordre dans ce fatras, à relier les points. Et enfin, on transforme tout ça, parfois en inventant, pour que ça fasse un peu moins mal. Bref, l’écriture, c’est un peu comme une thérapie de poche : ça ne remplace pas tout, mais ça aide sacrément.

Comment s’y prendre sans se prendre la tête ?

Vous n’avez pas besoin d’un bureau d’écrivain ni d’un diplôme en littérature. Un vieux carnet, un stylo qui traîne, et c’est parti. L’idée, c’est de s’installer au calme, de couper le téléphone et d’oublier la grammaire. On écrit à la main, parce que ça aide à se connecter à soi-même, et on laisse venir ce qui vient, même si c’est brouillon, laid ou répétitif. Pas la peine de chercher à faire joli ou profond : l’important, c’est d’être honnête. Si vous avez envie de relire ce que vous avez écrit, faites-le, mais ce n’est pas une obligation. Parfois, juste écrire suffit.

Pour ceux qui aiment les rituels, vous pouvez écrire chaque soir ce que vous avez ressenti dans la journée, ou bien rédiger une lettre à quelqu’un (même si vous ne l’enverrez jamais). Si vous êtes joueur, tentez le haïku : trois lignes pour résumer votre humeur du moment. L’essentiel, c’est de trouver la formule qui vous va, sans pression.

Un exemple concret : Claire et son carnet

Prenons Claire, 32 ans, qui débarque dans mon cabinet parce qu’elle n’arrive plus à gérer ses angoisses. Elle a l’impression d’être toujours en colère, mais ne sait pas trop pourquoi. Je lui propose de tenir un journal d’émotions. Au début, elle trouve ça bizarre, elle a peur de mal faire. Je lui dis d’oublier la perfection et de juste écrire ce qui lui passe par la tête, chaque soir, même si c’est trois mots ou un gribouillis.

Au bout de quelques semaines, Claire commence à y prendre goût. Elle réalise que, derrière sa colère, il y a souvent de la tristesse ou de la peur. Elle repère des schémas, des déclencheurs, et surtout, elle arrive à en parler plus facilement autour d’elle. Deux mois plus tard, Claire n’est pas devenue zen du jour au lendemain, mais elle se sent moins submergée et plus en phase avec elle-même. Son carnet est devenu son espace à elle, un endroit où elle peut tout dire sans être jugée. Elle envisage même, peut-être, écrire autre chose que ses émotions. Pourquoi pas des poèmes ou … un roman ?

Conclusion : pas si compliqué !

Écrire ses émotions, ce n’est pas réservé aux poètes ni aux grands dépressifs. C’est un outil simple, efficace, et franchement libérateur. Les travaux de Nayla Chidiac l’ont prouvé : prendre le temps de mettre des mots sur ce qu’on ressent, c’est déjà commencer à aller mieux. Alors, la prochaine fois que vous sentez la tempête monter, attrapez un stylo et laissez couler. Vous serez surpris du résultat. Après tout, chaque mot posé est un pas de plus vers soi-même. Essayez, vous verrez.

Parfois, se retrouver seul face à la plage blanche, c’est compliqué. Parfois même, on  a besoin d’être soutenu.e, attendu.e, motivé.e par une autre personne. Pourquoi pas par un psychologue? Alors, si vous souhaitez participer à mes séances d’écriture thérapeutique, c’est par ici !