LA SAGESSE DU TRAUMA ?

Jean-Benoît DUMONTEIX
man in gray polo shirt

L’addiction comme réponse au traumatisme

Ce titre est inspiré du documentaire proposé par Gabor Maté, médecin spécialiste des addictions et du traumatisme, “The Wisdom of Trauma”. Quel rapport entre le traumatisme et les addictions ? me direz-vous (si vous me dites ça, c’est que vous n’avez pas bien lu mon site internet.)

Plus sérieusement, il y a un rapport intrinsèque entre addictions et traumatisme, comme c’est très simplement expliqué dans ce documentaire “The Wisdom of Trauma” (lien) Dès notre naissance nous avons deux besoins essentiels: l’attachement (aux adultes, à ceux qui nous entourent, et c’est pourquoi le meilleur moyen de calmer un bébé sera de le toucher, pour qu’il se sente physiquement en lien avec un autre) et l’authenticité notamment parce que l’authenticité c’est le rapport à nos propres sentiments, nos propres émotions, nos intuitions. Le rapport à notre vérité, à la vérité de qui l’on est. L’authenticité est une nécessité pour notre survie.

Et si vous vous adaptez sans cesse au désir de l’autre, si vous vous oubliez, si mettez votre authenticité de côté, alors une colère grandit en vous.

Puis elle éclate.

Et dans nos sociétés, on punit les personnes en colère, particulièrement les enfants, qu’on met au coin, qu’on exclut du groupe, et pour qui, donc, on menace le lien d’attachement aux autres. Non seulement l’enfant est en colère, donc souffre, mais on lui demande de taire sa colère, de la supprimer, et on le met lui-même à l’écart. On demande donc à cet enfant en colère de se déconnecter de sa vérité, de son authenticité (sa colère), et il devient alors un candidat parfait pour la dépression ou les maladies, physiques ou psychiques.

La boucle est bouclée, mais tout ça n’est pas joli-joli.

L’idée n’est pas que les gens ne soient jamais en colère, mais plutôt qu’ils sachent que la colère n’a pas à être destructrice, qu’elle est simplement un symptôme, un message. Il faut la mettre en mot.

“Quand les gens souffrent, ils veulent fuir leur souffrance” (Gabor Maté)

L’addiction, selon lui, est une réponse au traumatisme. Une réponse parmi les plus normales. Et quoi de mieux qu’une addiction pour s’échapper de sa propre souffrance ? C’est LA solution pour s’absenter du monde qui nous fait souffrir.

La question, et c’est exactement ma ligne de conduite en thérapie, ça n’est pas “pourquoi vous droguez-vous?” mais “pourquoi souffrez-vous?”. La question n‘est pas tant “qu’est-ce que vous prenez pour vous défoncer” mais “quelle est la souffrance que vous fuyez en vous défonçant? ”A ce moment-là, on commence à s’intéresser à la véritable racine du symptôme, c’est-à-dire au traumatisme. Sans compréhension du traumatisme, sans libération des émotions qui n’ont pas pu être exprimées au moment du traumatisme, les conduites d’addiction se répètent à l’infini. Cela demande du courage mais il s’agit, une fois cette étape passée, d’une libération. Ensuite, on peut penser à se construire… selon sa propre authenticité ! Avec le traumatisme, on ne répond pas à l’instant présent: on répond à notre passé.

A méditer, donc. Et à investiguer !

https://thewisdomoftrauma.com/ lien vers le site du documentaire